Santé
Qu'est-ce qui vous empêche de dormir?
La nuit, on compte des moutons plus souvent qu'à notre tour? Qu'on se rassure, il existe des moyens pour contrer ce problème.
Dormir est essentiel à notre santé mentale et physique. De fait, un manque chronique de sommeil nuit à la concentration et engendre des troubles de mémoire en plus de rendre moins vigilant et plus susceptible d'avoir des accidents. Cela réduit aussi notre énergie, affecte notre humeur, nous rend plus sensible aux virus et plus lente à guérir. Bref, on a tout intérêt à faire nos nuits... et de bonnes nuits! Plus facile à dire qu'à faire: «Au moins 20 % des gens rapportent des troubles de sommeil chroniques», révèle Diane Boivin, directrice du Centre d'étude et de traitement des rythmes circadiens à l'hôpital Douglas.Les rouages du sommeil
Le sommeil est de trois types: lent-léger, lent-profond et paradoxal. Leur enchaînement forme un cycle d'environ 90 minutes. Au cours de la nuit, plusieurs cycles se succèdent, ponctués de micro-éveils de 3 à 15 secondes qui n'aboutissent normalement pas à un éveil complet. Le sommeil lent-léger va de l'endormissement au sommeil léger. Il occuperait environ 50 % de la nuit. Durant cette phase, on est encore très sensible aux stimuli extérieurs et le moindre bruit peut nous réveiller. Le sommeil lent-profond prédomine en début de nuit. Durant cette phase, on réagit peu aux bruits ambiants. «On s'est aperçus que le sommeil lent-profond est associé à la sensation de fraîcheur le matin et de satisfaction face au sommeil», remarque le Dr Pierre Mayer, pneumologue et directeur de la Clinique du sommeil du CHUM Hôtel-Dieu. Quant au sommeil paradoxal, c'est le type durant lequel on rêve le plus intensément. Cette phase, qui occuperait environ 25 % de nos nuits, est utile pour la mémoire et pour la consolidation des apprentissages.
À chacun son rythme
«Toutes les phases du sommeil sont importantes», souligne Roger Godbout, directeur du Laboratoire de recherche sur le sommeil de l'hôpital Rivière-des-Prairies. Sa durée, sa continuité, son organisation aussi. «Un sommeil qui n'est pas suffisamment profond ou qui contient trop d'éveils, c'est un mauvais sommeil», résume la Dre Boivin. «Il y a bien sûr des paramètres de normalité, qui varient d'une personne à l'autre (quantité de sommeil profond et paradoxal, fragmentation du sommeil, nombres d'éveils, etc.), mais le critère de qualité, c'est de se sentir rafraîchi et reposé au réveil», estime le Dr Mayer. Quant au fait d'être une petite, un moyenne ou une grosse dormeuse, cela est en partie génétiquement déterminé, avancent les spécialistes interrogés, tout comme le fait d'être une couche-tard ou une lève-tôt. Nos besoins en sommeil changent en fonction de notre âge. Plus on vieillit, plus la quantité de sommeil profond diminue pour disparaître presque totalement vers 50-55 ans. Le sommeil devient léger, et les éveils, nombreux. «Chez les personnes âgées, le sommeil se distribue différemment, explique Roger Godbout. Elles dorment peu la nuit, ce qui est normal, et se réveillent tôt, mais, comme elles font souvent des siestes le jour, elles fonctionnent très bien.»L'alcool. «Il favorise un endormissement rapide, mais fragmente et interrompt le sommeil à mesure qu'il est métabolisé. Il cause de la sudation excessive et de l'inconfort, explique la nutritionniste Nathalie Jobin, directrice de la nutrition et des affaires scientifiques chez Extenso. Le mal de tête peut aussi gêner la qualité du repos.» «L'alcool étant un relaxant musculaire, il ramollit les parois de notre pharynx, complète le Dr Mayer, ce qui peut causer de l'apnée du sommeil ou des ronflements.
Solution:
L'apnée du sommeil. L'apnée est caractérisée par de fréquents arrêts de la respiration pendant le sommeil, provoquant une chute du taux d'oxygène sanguin. «En plus de fragmenter le sommeil et, donc, d'engendrer fatigue et somnolence, l'apnée cause un grand stress pour le cerveau, le coeur et le système cardiovasculaire. Selon les études récentes, cette chute répétée augmente de trois à quatre fois le risque d'avoir une crise cardiaque, de l'hypertension ou un AVC», explique le Dr Mayer. La fragmentation du sommeil et la chute du taux d'oxygène font aussi sécréter des hormones qui augmentent la production d'urine et, du coup, nous déshydratent plus vite: on doit alors se lever fréquemment pour aller aux toilettes ou pour boire.
Solutions:
Le manque (ou l'excès) de lumière naturelle. «Des centaines de mécanismes dans notre corps, dont la température corporelle et le cycle éveil-sommeil, suivent un rythme circadien, soit un cycle d'environ 24 heures, explique Nicolas Cermakian, chercheur sur les rythmes circadiens à l'hôpital Douglas. C'est principalement via la lumière et les cycles jour-nuit qu'on peut remettre notre horloge biologique à l'heure.» En d'autres termes, le manque de lumière peut finir par nous déphaser et nous empêcher de dormir quand c'est le temps. Toutefois, être exposé à la lumière au mauvais moment nuit à notre repos, car la lumière inhibe la production de mélatonine, hormone du sommeil qu'on produit la nuit et pendant qu'on dort.
Solutions:
Les excitants. Nicotine, caféine, colas, etc., stimulent le système nerveux et retardent l'endormissement. De plus, «la caféine augmente le nombre d'éveils et affecte donc la qualité et la quantité de sommeil», explique la nutritionniste Nathalie Jobin. L'effet de la nicotine est similaire. La télévision et l'ordinateur sont aussi des excitants: «Toutes les sources visuelles qui stimulent la rétine inhibent la sécrétion de la mélatonine et retardent l'endormissement», explique le Dr Mayer.
Solutions:
Le stress. Rythme de vie effréné, horaire surchargé, soucis et responsabilités excessives génèrent un grand stress qui finit souvent par nuire au sommeil. La tension nerveuse nous empêche de décompresser; s'ensuivent alors divers phénomènes physiologiques. «Le rythme cardiaque s'accélère, on sécrète certaines hormones, comme le cortisol (qui facilite la libération d'autres hormones et neurotransmetteurs nécessaires à nos activités diurnes), en plus grande quantité, explique Roger Godbout. Ces réactions sont incompatibles avec l'endormissement puisque, pour s'endormir, il faut être détendu.»
Solutions:
... je travaille de nuit. Le travail de nuit et les horaires irréguliers dérèglent l'horloge biologique et, donc, notre sommeil. Selon la Dre Boivin, les conseils pour s'adapter à un horaire non traditionnel ont toutefois des limites: «Il reste que c'est anormal de travailler de nuit. Nous sommes des êtres diurnes.»
Solutions:
... je suis enceinte. Les bouleversements physiques et hormonaux de la grossesse accroissent le besoin en sommeil, mais peuvent aussi induire l'insomnie, surtout au 3e trimestre, quand l'inconfort physique et les mouvements du bébé sont plus importants.
Solutions:
... j'ai de jeunes enfants. Bébé réclame à boire toutes les 3 ou 4 heures, notre dernier fait des cauchemars... Résultat: des nuits fragmentées et écourtées.
Solutions:
... je suis en ménopause. La diminution de sécrétion d'oestrogènes et la perturbation d'autres hormones, dont la FSH, causent des bouffées de chaleur qui perturbent le sommeil.
Solutions:
Pour mieux dormir en duo