Entrepreneuriat

La vision de 3 femmes sur le Québec économique de demain

La vision de 3 femmes sur le Québec économique de demain

  Photographe : Shutterstock

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La vision de 3 femmes sur le Québec économique de demain

La présence des femmes dans les postes de haute direction stimule le rendement des entreprises et change le monde des affaires.

En attendant que la parité soit atteinte, trois leaders aux parcours inspirants témoignent de leur vision de notre avenir économique. 

 

Nadine Renaud-Tinker

Direction du Québec RBC Banque Royale

Nadine Renaud-Tinker

 

Forte d’une expérience à l'échelle internationale, Nadine Renaud-Tinker a amorcé sa carrière à RBC en 1998 à Montréal. Depuis2017, elle assume la gestion des priorités commerciales de RBC Banque Royale au Québec. Elle est membre du conseil d’administration de la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, de la Fondation de l’Hôpital général juif et de la Fondation Jeunes en Tête. 

 

Quelles sont les valeurs de RBC en matière de développement durable?

RBC est une des plus grandes organisations au Canada, et à ce titre, nous avons la responsabilité de donner l’exemple en mettant de l’avant nos valeurs de liberté et d’inclusion, de respect de l’environnement et de développement durable. Nous avons à cœur de jouer pleinement notre rôle pour “faire une différence”. Nous nous sommes dotés d’un cadre visant à assurer une croissance et une prospérité durables, et nous sommes donné des objectifs ambitieux, notamment une consommation énergétique nette zéro.

 

Quelles sont les mesures mises en place pour favoriser une société meilleure?

Nous avons déterminé cinq stratégies d’actions: offrir des programmes de soutien pour aider les entreprises en transition à devenir plus vertes; apporter du perfectionnement à l’interne, par exemple par des bâtiments LEED, la réduction du papier, etc. pour arriver à un bilan carbone neutre pour toutes nos activités; utiliser notre voix pour appuyer ouvertement les bonnes pratiques et les solutions climatiques intelligentes; miser sur la technologie pour relever des défis environnementaux complexes.

Enfin, avec notre Fondation RBC, nous soutenons les jeunes qui font leur entrée sur le marché du travail, nous les aidons à avoir accès à des initiatives en santé mentale et nous appuyons les artistes émergents. Aussi, Techno nature RBC constitue notre engagement pluriannuel à préserver la plus grande richesse du monde, notre écosystème naturel, au moyen de la technologie et de l’innovation.

 

Votre ascension jusqu’à la tête de votre organisation a-t-elle été parsemée d’embûches?

Oui, bien sûr! Mais j’ai envisagé chaque obstacle comme un défi stimulant! À travers les difficultés, j’ai pris des risques, j’ai gagné en expérience, en apprentissage et je me suis prouvé à moi-même que j’étais capable. Cela n’a pas été facile, mais je suis fière d’avoir pris ma place de façon respectueuse. J’ai eu la chance d’évoluer dans les différentes sphères d’activités de RBC (services financiers à l’entreprise, planification financière, gestion de patrimoine, etc.), alors je comprends la business inside and out. Tous les défis du quotidien que suppose mon travail m'énergisent.

 

La parité hommes-femmes au sein de l'entreprise, mais aussi dans la haute direction, est-ce une préoccupation pour votre organisation?

Depuis fort longtemps, la parité, la diversité et l’inclusion font partie de notre ADN chez RBC. Nous sommes conscients des avantages concrets que présente un milieu de travail diversifié et inclusif sur les plans social et économique. Depuis 2015, la représentation des femmes à la direction est passée de 38 % à 46 %,et de 31 % à 47 % au sein du conseil d’administration. Les femmes ont représenté 51 % des embauches et 52 % des promotions l’an dernier.

 

Être parmi les pionnières dans le domaine puisque vous occupez un poste de direction d’une des plus grandes institutions financières au pays, est-ce que ça vous donne le vertige?

Non, c’est excitant, car je sais que c’est possible! En tant que femme, il faut être fière, être un exemple dans sa communauté, être un pilier dans son milieu de travail, sans s’asseoir sur ses succès passés, sans arrêter d’apprendre pour s’améliorer et aller de l’avant. Je dis souvent: «Il faut lever la barre!».

 

Comment entrevoyez-vous le Québec économique de demain?

Êtes-vous optimiste? Oui! Je veux l’être. Le Québec s’est ajusté très rapidement à la crise de la covid-19, bien que nous ayons été la province canadienne la plus touchée par la pandémie. Il nous reste 150 000 emplois à retrouver. Toutes les indications financières et le soutien de nos gouvernements devraient nous permettre de relever les défis de la reprise et de faire repartir l’économie en 2022. 

 

 

Kim Thomassin

Première vice-présidente et cheffe des placements au Québec et de l'investissement durable, Caisse de dépôt et placement du Québec

Kim Thomassin

 

Kim Thomassin est première vice-présidente et cheffe des Placements au Québec et de l’Investissement durable depuis avril 2020. Elle siège aux conseils d’administration de Ceres et d’Alstom, en plus d’être coprésidente du cabinet de campagne de la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Elle a reçu la Médaille de l’Assemblée nationale du Québec en reconnaissance de son parcours et de son engagement pour l’avancement des femmes.

 

Quelles sont les valeurs de l’entreprise en matière de développement durable?

À la Caisse, nous avons trois grandes valeurs en lien avec l’investissement durable: la lutte aux changements climatiques, la diversité et l’inclusion, et enfin la gouvernance — donc tout ce qui est en lien avec de bonnes pratiques en milieu de travail.

 

Quelles sont les mesures mises en place pour favoriser une société plus verte, plus équitable?

Nous avons comme objectif d’avoir un portefeuille qui n’émette plus d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Ce qui signifie que, d’ici là, nous devons avoir un portefeuille durable.

 

Pourquoi investir dans des projets qui changent le monde?

Comme nous sommes un investisseur sur le long terme, nous voulons que les investissements que nous réalisons aujourd’hui soient durables dans le temps en plus de contribuer à un monde plus vert, inclusif et équitable.

 

Quels sont les critères sur lesquels vous vous basez pour investir dans des projets qui visent l’un des 17 objectifs de développement durable de l’ONU?

Nos investissements doivent respecter deux conditions importantes: ils doivent avoir une empreinte carbone minimale et ils doivent respecter nos critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Le Réseau express métropolitain (REM), un réseau de train léger électrique de 67 km, ainsi que notre partenariat avec AddÉnergie, le champion québécois des solutions de recharge pour véhicules électriques, sont de bons exemples de projets porteurs d’avenir.

 

Votre ascension jusqu’au comité de direction de votre organisation a-t-elle été parsemée d’embûches?

Comme tout le monde, j’ai rencontré des défis. Il faut faire attention à ne pas trop accorder d’importance aux événements fâcheux, à ne pas se donner de plans trop rigides. Sinon, le moindre imprévu devient un échec. En réalité, cela peut vous mener ailleurs et peut faire en sorte que vous vous accomplissiez autrement. J’ai eu la chance de pouvoir compter sur des mentors et d'être entourée de gens talentueux à tous les niveaux et aux côtés desquels j’ai appris et grandi.

 

La parité hommes-femmes au sein de l’entreprise, mais aussi dans la haute direction, est-ce une préoccupation pour votre organisation?

Certainement. Nous sommes membres du 30 % Club, ce qui signifie que notre comité de direction doit être composé au moins de 30 % de femmes. Nous imposons les mêmes critères aux entreprises de notre portefeuille.

 

Est-ce que votre regard féminin sur la gestion de crise, la gestion du risque et les changements apportés par la pandémie est un atout selon vous?

La crise actuelle a accentué et accéléré des enjeux et des tendances qui étaient déjà présents. J’estime que plus une équipe est diversifiée dans sa composition, plus elle a une vue d’ensemble d’une situation. Elle est alors plus agile face à l’adversité pour travailler en collaboration.

Personnellement, ce qui m’a toujours aidée, c’est mon empathie. Il est primordial pour moi de savoir comment vont les gens autour de moi. Je crois que cette capacité m’a aidée à traverser cette période si particulière avec l’ensemble des équipes. Avec toute l’organisation en télétravail, nous avons dû nous adapter à cette nouvelle réalité, créer des liens à distance, mobiliser nos gens et assurer la continuité des affaires. Nous avons repensé nos façons de faire de manière à contribuer à bâtir un monde durable, plus équitable, plus juste et inclusif qui bénéficie à tous.

Une organisation ne peut plus penser à sa croissance sans penser à son impact, à celui de son produit et de sa marque. Les attentes du public sont élevées, et les entreprises qui veulent réussir doivent penser à la façon de créer de la valeur au bénéfice de tous.

 

 

Sévrine Labelle

Présidente-directrice générale, Femmessor

Sévrine Labelle

 

Sévrine Labelle est à la tête de Femmessor depuis mai 2017. Avec plus de 20ans d’expérience en développement social et économique, dont un passage remarqué à titre de vice-présidente Stratégie et Affaires publiques à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, elle dirige aujourd’hui une équipe de près de 60 professionnelles et professionnels dévoués au finance- ment et à l’accompagnement des entrepreneures. 

 

Quelles sont les valeurs de l’entreprise en matière de développement durable?

Chez Femmessor, nous croyons que le développement durable de notre société passe par une meilleure représentation des femmes à titre de propriétaires d’entreprise. L’inclusion, la diversité et l’équité sont au cœur de nos réflexions et de nos actions. En développant le plein potentiel des entrepreneurs et des entrepreneures de tous les horizons, il est possible d’envisager une économie plus équitable, prospère et durable.

 

Quelles sont les mesures mises en place pour favoriser une société plus verte et plus équitable?

Femmessor contribue directement à la création, à la croissance et à l’acquisition d’entreprises à propriété féminine, à travers une offre de financement et d’accompagnement spécifiquement consacrée aux femmes entrepreneures, et ce, depuis 25 ans maintenant. Nous nous inscrivons dans la mouvance de l’investissement d’impact en choisissant de financer des entreprises qui contribuent à une économie plus équitable et plus résiliente. Nous souhaitons donner aux femmes entrepreneures les moyens de contribuer activement à la création d’un monde meilleur. Voilà notre raison d’être.

 

Pourquoi investir dans des projets qui changent le monde?

Les projets d’entreprises qui ont un impact positif sur la société sont de plus en plus prisés par les investisseurs, partout dans le monde. Chez Femmessor, nous considérons aussi que les entreprises qui proposent des solutions concrètes pour créer un monde meilleur ont plus de chance d’être performantes financièrement et à long terme.

Aujourd’hui, les entreprises performantes sont celles qui attirent les meilleurs talents et qui fidélisent leur clientèle. Or, la nouvelle génération veut travailler dans des entreprises qui se soucient des humains et de l’environnement. Et les consommateurs veulent encourager les entreprises qui ont des pratiques exemplaires.

 

Quels sont les critères sur lesquels vous vous basez pour investir dans des projets qui visent l’un des 17 objectifs de développement durable de l’ONU?

La présente campagne des 100femmes dont l’entreprise répond à au moins un des 17 objectifs de développement durable constitue la première initiative de Femmessor basée sur le grand plan de l’ONU. Il s’agit d’un guide clair qui nous servira assurément pour nos investissements futurs.

 

La rentabilité devient-elle secondaire quand il est question de contribution à notre société?

Au contraire, la contribution positive à la société peut accroître la rentabilité d’une entreprise. Il est possible de créer une entreprise qui a un impact positif sur les humains et la planète, tout en étant tout à fait profitable et prospère.

 

Ce choix d’entreprises contribue-t-il à dessiner le Québec économique de demain?

Absolument! La crise que nous venons de vivre démontre encore plus l’urgence de développer une économie plus responsable. Non seulement nous serons en mesure de mieux faire face aux enjeux sociaux et environnementaux, mais en plus notre économie s’en trouvera beaucoup plus forte et résiliente.

 

De quelle façon Femmessor oriente- t-il ses objectifs pour ajuster la parité hommes-femmes au sein des entreprises, mais aussi dans la haute direction?

Femmessor œuvre chaque jour pour offrir aux femmes une chance égale de se développer dans le monde de l’entrepreneuriat. Le Québec ne pourra développer son plein potentiel économique tant que la parité entrepre- neuriale hommes-femmes ne sera pas atteinte.

 

Comment voyez-vous l’avenir économique des entrepreneures?

D’un très bon œil. La contribution des femmes en entrepreneuriat ne cesse de croître, et on remarque un nombre toujours plus important d’entrepreneures à la tête d’entreprises phares au Québec. Celles-ci agissent comme modèles et comme locomotives pour la construction d’une économie plus inclusive, plus diversifiée et plus durable.

 

 

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